La bienveillance selon le bouddhisme

La bienveillance selon le bouddhisme

La bienveillance est veiller au bien. Tout le monde est d’accord jusque là; mais est ce qu’on est vraiment bienveillant? Comment cultiver la bienveillance et la développer dans les moments où on n’a pas envie ou pas l’énergie ?

J’ai assisté le week-end dernier (15 octobre 2016) à un enseignement bouddhiste de Lama Puntso sur la bienveillance et j’ai voulu vous partager l’essence de cet enseignement. Autant vous dire que comprendre est une chose, l’expliquer en est une autre…

Mais je vais appliquer le 4ème accord toltèque: « fais de ton mieux ». Je précise toutefois que je ne cite pas mot pour mot l’enseignement de Lama Puntso mais que je décris ce que j’y ai compris avec mes propres filtres, en espérant être le plus fidèle possible à son enseignement.

Etape 1 à la bienveillance : Comprendre notre fonctionnement…

Avez-vous déjà remarqué que certaines personnes (pour ne pas dire beaucoup) plaquent un enseignement ou une philosophie sur elle-même sans réellement le/la comprendre de l’intérieur, sans l’avoir vraiment éprouvé et peuvent énoncer des phrases comme « Tu es trop dans les émotions » ou « Il faut que tu lâches prise » ou « Tout est amour » parce que ça fait « classe » de dire ce genre de phrases.

Le plus souvent, elles sont artificielles et font culpabiliser car on constate rapidement qu’on n’arrive pas à être amour tout le temps et qu’on n’arrive pas à lâcher prise.

Lama Punsto nous explique d’ailleurs qu’on « ne peut pas lâcher prise » sur simple décision. Plutôt que de se mettre la pression avec des injonctions comme « il faut que je change » après avoir été à un enseignement, un stage ou une conférence, il propose de se dire « je dois y réfléchir » afin de mûrir ce qui a été dit. Il ajoute également que « nous changeons que si les choses font sens » et que les choses arrivent uniquement quand les conditions sont réunies et dans le bon ordre.

Par exemple, si vous voulez un œuf dur, il faut d’abord mettre de l’eau dans la casserole, la faire bouillir et mettre l’œuf. Si vous mettez l’eau avant la casserole, vous n’aurez jamais d’œuf dur!

A) En se détendant

pexels-photo-27559-medium

Ceux qui pratiquent la méditation seront d’accord avec moi : quand on commence à méditer, on prend surtout conscience de notre agitation et de notre chaos intérieur!  On a l’impression qu’on a beaucoup plus de pensées qu’avant alors qu’en réalité, nous en prenons davantage conscience. A partir de ce constat qu’on ne peut pas ne plus penser, on peut se détendre en comprenant que le chemin spirituel est un processus et qu’avoir des attentes créent des tensions inutiles.

Lama Puntso explique également qu’on a souvent un sentiment de pauvreté à l’égard de nous-même, que nous avons souvent l’impression de manquer de quelque chose alors qu’en réalité, nous sommes riches intérieurement.
Fondamentalement: tout est déjà là, l’esprit est clair et détendu.

B) En étant présent à ce qui est

Une fois qu’on est détendu, on peut commencer à observer ce qui s’élève de nous, ce que nous vivons, pour faire le lien entre la compréhension mentale de la bienveillance et ce que nous expérimentons, réellement.

Je vais vous faire une confidence: toutes mes pensées ne sont pas bienveillantes. J’aimerais dire le contraire mais c’est comme ça, c’est ce qui est.

Voir ce qui est, le bon comme le mauvais en nous demande du courage. La plupart des gens ne prendront jamais le chemin « du guerrier pacifique » parce qu’il est trop douloureux et inconfortable. Ils préfèrent rester dans leur petite prison dorée, leur zone de confort inconfortable, autrement dit se voiler la face plutôt que d’affronter leurs peurs et faire un travail sur eux.

Parce que c’est tellement plus facile de pointer son doigt vers l’autre. Mais on oublie que quand on pointe un doigt vers l’autre, il y en a 4 autres qui pointent vers soi…

Il est donc important de poser un regard neuf sur soi-même sans se juger.

On ne peut pas ne pas juger mais on peut être conscient de nos dysfonctionnements et de nos jugements en se souriant à soi-même avec bienveillance.

Car vous l’aurez compris, la bienveillance commence déjà par soi-même.

C) En méditant 

Pour voir ce qui est, il est important de se poser, de s’observer et donc de méditer. En tibétain, « méditer » signifie « se familiariser avec ». Ainsi, lorsque vous méditez, portez donc votre attention sur votre respiration et familiarisez-vous avec vos pensées, en intégrant le fait que les mouvements (pensées) ne sont pas un problème.

Etape 2 à la bienveillance : fertiliser notre esprit

pexels-photo-112640-medium

Lama Puntso ajoute: « Comme on ne peut pas être parfait, mieux vaut se demander comment être le plus bénéfique possible plutôt que nuisible« .

Pour cela, il explique qu’il est important de développer un état d’esprit fertile: la générosité.

« Qu’est ce que je prends et qu’est ce que je donne? »

Perso, j’adore l’idée de se demander: « dans quel cas je donne et dans quel cas je prends à l’autre? »

D’ailleurs, Lama Puntso nous partage les 6 états d’esprit pour renforcer un acte bienveillant:

  1. Revisiter la motivation.
  2. Vigilance, être présent à ce je fais: je peux donner une pièce par pitié et ne pas regarder la personne dans les yeux ou bien lui donner en la regardant et en souriant.
  3. Ne pas regretter un acte positif : par exemple, si je donne une pièce à un SDF et que je le vois aller acheter de l’alcool avec alors qu’il disait avoir faim, je ne regrette pas mon geste.
  4. Se réjouir de l’avoir fait;
  5. Dédier notre acte au bonheur de tous les êtres.
  6. Faire des souhaits pour renforcer l’engrais de la vertu.

Petits gestes mais grandes intentions

Comme dit Lama Puntso, « la bienveillance n’est pas un déodorant qui cache les mauvaises odeurs« . Il faut d’abord reconnaître à quel point nous ne sommes pas bienveillants. Cela demande du courage. Et la sagesse justement, c’est de confronter l’enseignement avec son application, en posant des actes à notre mesure; « pas besoin d’être sophistiqué » précise Lama Puntso.

C’est en faisant des petits gestes au quotidien que nous fertiliserons la bienveillance en nous et autour de nous. Mais si les gestes sont petits, l’intention doit être vaste. Dans le bouddhisme, tous nos actes et nos souhaits doivent être dédiés au bonheur de tous les êtres.

Quoi qu’il se passe dans le monde, ça a d’abord pris naissance dans notre esprit.

Alors faisons des souhaits avec force de conviction et commençons par nous accepter tel que l’on est. Avec bienveillance.

Mai-Lan

Pour aller plus loin, une vidéo extraite de l’émission Sagesses Bouddhistes avec Lama Puntso.

Pin It on Pinterest